Oser être soi Léa (2)
Il est souvent plus facile, dans la vie quotienne, d'être gentil que d'être soi-même. Mais, à long terme, l'infidélité à soi-même se paie.
Le caractère change et, par ricochet, les relations aux autres.
Essayons ensemble de nous projeter dans le futur de Léa.
Sur les banc du collège, elle a déjà appris à contrarier sa nature en se coupant d'elle même pour être avec Jeanne.
Jeanne, qui lassée de cette amitiée sans saveur, est partie se trouver d'autres filles à "contrôler".
Léa a perdu confiance en ce qu'elle ressent puisqu'elle n'est plus habituée à s'écouter. Elle est devenue une jeune fille timide qui doute profondément d'elle-même. Comme elle se sent incapable de prendre une décision, de donner son avis, elle refuse de faire des choix qui l'engageraient personnellement.
Prise dans cette spirale où elle se dénie le droit d'exister, Léa ne sait plus jamais dire non. Sa mère veut l'inscrire à un cours de gymnastique alors qu'elle préférerait apprendre le piano ? Elle ne dit rien et obéit, par peur du conflit, Idem avec ses frères et soeurs : le dernier qui parle a raison.
C'est une jeune fille toujours égale à elle-même qui n'épprouve jamais de plaisir ni d'enthousiasme dans ce qu'elle entreprend parce qu'elle a l'impression de subir les évènements.
Aussi Léa a-t-elle de plus en plus besoin des autres pour exister. Elle est devenue une adolescente toujours prête à rendre service, à écouter les confidences des uns et des autres... Au point de se rendre indispensable.
Ainsi, elle découvre qu'elle peut exercer un pouvoir sur ceux qui ont tellement besoin d'elle !
Rassurée, réconfortée par cette fausse image d'elle-même, ele éprouve d'autant moins le besoin de prendre en main les rênes de sa vie.
A un moment donné, l'édifice, qui ne repose que sur du sable, risque de s'effriter. A force de rennoncer à ses besoins pour faire plaisir aux autres, pour être gentille, Léa risque fort d'exploser, comme si la nature reprenait ses droits. La jeune fille peut se dire :
"Pourquoi dois-je prendre en compte les autres qui ignorent si superbement mes besoins ?"
Nous pourrions lui rétorquer "Comment pourraient-ils percevoir ce que tu te dissimules à to- même ?" Personne n'est devin !
A force de masquer son vrai visage, Léa devient, en effet victime de l'apparence qu'elle done aux autres pour avoir l'illusion d'exister. Entre être et paraître, elle a fait son choix.
Léa risque fort, par un effet de balancier, de passer de l'habitude de se soumettre à l'autre à la volonté farouche d'imposer ses points de vue.
Comme elle est dans l'incapacité d'affirmer ses désirs en toute liberté, ele ne peut plus faire confiance aux autres. Aussi éprouve-t-elle le besoin d'avoir une maîtrise constante sur les événements et sur les être qui l'entourent.
Son entourage la découvre intraitable sur certains sujets, excessive; elle se met en colère si on n'est pas d'accord avec elle. Rapide dans ses jugements, elle a le don pour faire des repproche à ses copains, à celui qui est arrivé en retard à un rendez-vous, comme à l'autre qui n'a pas pris de ses nouvelles quand elle était malade...
Léa est également passée maître dans l'art de médire, façon pour elle de tirer les ficelles, d'être toujours au centre : elle sait distiller à qui veut bien l'entendre tous les ragots, les rumeurs qui font mal, une autre manière pour elle d'exercer un pouvoir sur les autres... Son entourage estime qu'elle a des réactions déplacée, comme s'il lui fallait se prouver par tous les moyens qu'elle existe.
La jeune fille en vient à envier, jalouser les personnes libres de s'affirmer qui lui renvoient en miroir ce qu'elle aurait pu être. A force d'amputer ainsi son espace personnel, Léa érpouve des difficultés à subir des contraintes ou des engagements parce qu'elle a besoin de s'aménager des zones de liberté à elle.
Elle se débat, comme un lion en cage, pour retrouver coûte que coûte une identité perdue.
"Ne confondons pas ce qui est naturel et ce qui est habituel", disait Gandhi.
Joli phrase à méditer, assurément !
A bientôt avec Léa
Elie