Histoire de table, histoires d'école...
Lorsque venait la fin du trimestre, notre cher directeur, impavide, faisait la tournée des classes avec sa liasse de papier de verre, en vue de la toilette des tables du lendemain. Certains élèves préféraient se faire porter « pâles » et coupaient à la corvée mais tous les autres, fenêtres ouvertes, dans un crissement et une poussière épouvantables, s’escrimaient pour redonner au bois des précieuses tables leur pureté d’antan. Inspecteur des travaux, le directeur venait admirer, sans mot dire, avec à peine un froncement de sourcil, le travail achevé, demandant même parfois, une retouche supplémentaire.
Le bois est ciré et chaque enfant doit, surtout en fin d’année, le frotter au papier de verre pour enlever les taches d’encre, et les essais parfois laborieux de calligraphie. Le bois présente alors souvent des creux, témoins de nombreux nettoyages !
Le statut des et du souvenir, des découvertes qui ne sont pas seulement à la mesure de notre naïveté. On peut d'abord être frappés par l'ampleur du processus de conservation de souvenirs scolaires et plus encore par le fait qu'il ne s'agit pas là d'une pratique en déclin.
Que signifie-t-elle ? Elle apparaît en premier lieu comme un comportement ayant à voir avec notre conscience de la fuite du temps, en dehors de toute considération historique.
Se souvenir, ce n'est pas tenter de construire son passé en une histoire. C'est purement et simplement prendre acte de l'existence du temps, en prendre acte très existentiellement, personnellement, intimement et d'abord en silence. C'est aussi défier cette fuite du temps en affirmant que malgré elle, nous pouvons nous reconnaître à travers le temps et reconnaître beaucoup d'autres auxquels il s'attaque également.
Dire tous les noms de ceux qui sont avec soi sur sa photo de classe, n'est-ce pas inconsciemment se faire croire un instant qu'on a vaincu le temps, égratigné son impassibilité ?
Bataille évidemment émouvante, particulièrement à propos de notre enfance car elle renvoie au temps et par là même à celui qui nous a le plus marqué, en bien ou en mal, le temps de l'enfance.
Ces souvenirs sont un tremplin vers ce temps unique et bref qui est aussi tout d'un bloc du moins pour les enfances courantes.
Un temps dont on ne comprend pas la texture lorsqu'on le vit et encore moins quand on en sort, temps de toute façon cruciale, qu'il ait été doux ou cruel.
Temps de tous les possibles, temps de la famille rempli pour toujours d'une familiarité unique ou de son absence douloureuse.
Temps singulier aussi en ce que l'enfant voudrait qu'il s'accélère, alors qu'un jour soudain, le temps... se met à filer.
Suite de l'histoire de cette table acquise aux "Emmaüs" à venir...
Elie
Que signifie-t-elle ? Elle apparaît en premier lieu comme un comportement ayant à voir avec notre conscience de la fuite du temps, en dehors de toute considération historique.
Se souvenir, ce n'est pas tenter de construire son passé en une histoire. C'est purement et simplement prendre acte de l'existence du temps, en prendre acte très existentiellement, personnellement, intimement et d'abord en silence. C'est aussi défier cette fuite du temps en affirmant que malgré elle, nous pouvons nous reconnaître à travers le temps et reconnaître beaucoup d'autres auxquels il s'attaque également.
Dire tous les noms de ceux qui sont avec soi sur sa photo de classe, n'est-ce pas inconsciemment se faire croire un instant qu'on a vaincu le temps, égratigné son impassibilité ?
Bataille évidemment émouvante, particulièrement à propos de notre enfance car elle renvoie au temps et par là même à celui qui nous a le plus marqué, en bien ou en mal, le temps de l'enfance.
Ces souvenirs sont un tremplin vers ce temps unique et bref qui est aussi tout d'un bloc du moins pour les enfances courantes.
Un temps dont on ne comprend pas la texture lorsqu'on le vit et encore moins quand on en sort, temps de toute façon cruciale, qu'il ait été doux ou cruel.
Temps de tous les possibles, temps de la famille rempli pour toujours d'une familiarité unique ou de son absence douloureuse.
Temps singulier aussi en ce que l'enfant voudrait qu'il s'accélère, alors qu'un jour soudain, le temps... se met à filer.
Suite de l'histoire de cette table acquise aux "Emmaüs" à venir...
Elie